DAVID GOLDBLATT, « TJ » 1948-2010 Lauréat du prix HCB 2009
12 janvier – 17 avril 2011
FONDATION HENRI CARTIER-BRESSON www.henricartierbresson.org
La photographie m’a aidé à résoudre ce dilemme : vivre dans ce pays ou émigrer. David Goldblatt
Cette exposition s’attache à traverser la carrière du photographe sud-africain David Goldblatt, depuis ses photos de « l’époque TJ »
à ses travaux les plus récents qui explorent les liens entre la criminalité et l’urbanisme.
Johannesburg est une ville fragmentée avec une histoire complexe et douloureuse. La ville naît en 1886 grâce à la découverte des mines d’or. Dès le début, les blancs qui dirigent les services publics et les compagnies minières mettent en place la ségrégation raciale réduisant les populations noires à l’état de simple main-d’oeuvre. En 1948, l’apartheid est proclamé, les personnes de couleur sont consignées dans certains quartiers périphériques pour les éloigner du centre-ville et donc de toute possibilité d’intégration. L’un des pires effets de l’apartheid c’est
qu’il a empêché d’appréhender le mode de vie de l’autre, rappelle le photographe.
La carrière de David Goldblatt, chef de file de la photographie sud africaine, est rythmée par l’histoire tourmentée de son pays natal. En 2009, il reçoit le Prix HCB grâce au soutien du groupe Wendel. Cette bourse lui a permis de poursuivre son travail sur les fractures de cette ville et d’explorer plus particulièrement les liens entre les individus et les structures qu’ils habitent. C’est sa première exposition importante dans une institution parisienne.
Le premier étage de l’exposition présente des images en noir et blanc de l’époque de « TJ » (Transvaal, Johannesburg), réalisées entre 1950 et 1990
pendant l’apartheid. Cette sélection d’une soixantaine de tirages, tous réalisés par l’auteur, s’attache à montrer l’évolution de l’approche et du style de David Goldblatt. C’est l’un des rares photographes à avoir su se renouveler tout en travaillant sans cesse la même matière, la scène sud-africaine, et spécifiquement le quotidien, voire l’ordinaire, avec l’ironie frisante d’un certain désespoir. Utilisant tour à tour différents formats pour les prises de vue, Goldblatt saisit ainsi des perceptions changeantes de la réalité.
Le deuxième étage rassemble les travaux plus récents de David Goldblatt, réalisés après la chute de l’apartheid. La série des
« ex-offenders », particulièrement troublante, présente les portraits et les commentaires d’anciens détenus, invités par le photographe à retourner sur la scène de leurs crimes, à leur sortie de prison. C’est pour David Goldblatt, confronté quotidiennement à la violence, une façon de comprendre d’où viennent ces gens et ce qui les a conduits à un tel comportement. Les paysages urbains exposés en parallèle plantent la grande banalité des décors quotidiens ; ils soulignent les fractures et le tissage des liens complexes entre les habitants, quelle que soit leur communauté, dans une période de mutation sans précédent.
Le catalogue, publié en français par Contrasto (270 photographies, 316
pages). Prix de lancement : 39 euros.
Exceptionnellement, une rencontre avec David Goldblatt animée par Quentin Bajac aura lieu le 12 janvier, à 19h30 au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme. www.mahj.org Inscription indispensable par mail : reservations@mahj.org
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