SOMMAIRE
En cours : Catherine Raynal [Part 2] TRANSMISSION
L'expo de l'automne : Yves Buraud
: MONUMENTAL URBAIN
Calendrier des expos.
Fab & Fab aux USA
Conférence : Internationale lettrisme
Un nouvel artiste Vivo : David LIHARD
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EDITO Par Peggy GARINET (en guise d'au revoir)
L'art contemporain a parfois mauvaise réputation. Ignoré, décrié ou rejeté, il ne fait pas l'unanimité.
Pourquoi un tel désamour ? En tant qu'assistante de galerie, je me suis souvent interrogée sur les raisons de ce malaise. L'une des
explications semble tenir dans la qualité des œuvres qui n'est pas toujours au rendez-vous. Il suffit d'être tombé une fois
sur une proposition médiocre pour en venir à se détacher de la création actuelle. Cela nous est tous arrivé au
moins un jour, mais pour certains la rupture a été radicale.·Par ailleurs, en art contemporain, il reste beaucoup d'efforts
à produire pour améliorer le rapport aux œuvres. C'est une évidence que de dire que l'on apprécie mieux ce que l'on
comprend, et pourtant beaucoup de lieux d'art considèrent encore que l’objet se suffit à lui-même et que toute
médiation est superflue.
Enfin, certaines initiatives visant à rapprocher le grand public de l'art contemporain sont à mon sens maladroites et aboutissent
à l'inverse des effets escomptés. Il est par exemple de mode de marier patrimoine et création actuelle. Si l'union est
intéressante, il s'agit de se montrer subtil dans le choix des lieux et des projets. A Versailles, la politique menée par Jean-Jacques
Aillagon est selon moi contre-productive. Prétendre faire avancer la cause de l’art contemporain en l’imposant de manière
brutale n’est pas un bon calcul et peut même pousser dans leurs retranchements les opposants à ce type de politique. A l'inverse,
Le Louvre a trouvé le juste équilibre en faisant dialoguer collections historiques et œuvres contemporaines au sein des parcours
permanents. Grand événement populaire, la Nuit Blanche est également de l'une de ces initiatives heureuses qui permettent de
mieux faire connaître la fascinante richesse de la création actuelle.
Car l'art contemporain possède un indéniable atout par rapport à tout ce qui l'a précédé·: celui
de nous faire vivre l'art dans notre chair. Devant un Courbet, Kandinsky ou Soulages, on peut être enthousiasmé par ce que l'on voit,
intrigué par la modernité, mais en terme de ressenti on ne pourra jamais aller beaucoup plus loin que ces quelques émotions
C'est tout autre chose avec les productions actuelles de certains artistes plasticiens qui intègrent le public dans leur démarche. En
janvier 2010, j'ai eu l'occasion de voir l'exposition·Personnes de Christian Boltanski organisée dans la nef du Grand Palais dans
le cadre des Monumenta. Né à Paris à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Christian Boltanski a été
profondément marqué par le drame de la guerre et de la Shoah. Ses thèmes de travail sont liés à la mémoire
personnelle ou collective contre l'oubli et la mort. Pour son Monumenta, le plasticien avait imaginé plusieurs installations dont l'une
était une gigantesque pince qui s'emparait de vêtements entassés en un monticule de plusieurs mètres de haut. Les habits
emprisonnés étaient aussitôt « recrachés » dans le tas. Par cette action, l'artiste nous interrogeait sur le
sens de la vie, le côté aléatoire de la mort symbolisé par la pince intervenant au hasard. Il faisait un parallèle
avec les camps de concentration et les sélections arbitraires qui y étaient opérées par les nazis. Aux installations (la
seconde était des carrés de vêtements disposés au sol), s'ajoutait une atmosphère particulière. D'abord, en
entrant, on était saisi par le froid puisque l'artiste avait souhaité que la nef ne soit pas chauffée. Ensuite, il y avait cette
ambiance sonore angoissante faite de battements de cœur dissonants et du bruit de la pince en mouvement. Tout concourait au malaise et
c'était bien là le but de Christian Boltanski, celui de nous faire vivre une expérience artistique;: «Le visiteur ne
sera pas devant une œuvre, il sera dans une œuvre...».
Quand j'ai face à moi des gens qui sont en indélicatesse avec l'art contemporain, je cite souvent en exemple
l'exposition Personnes. Je leur dis également qu'en matière d'art actuel, il faut bien choisir les lieux, les artistes et
les projets. Les propositions ne manquent pas, il s’agit de ne retenir que les meilleures, celles qui dans un siècle seront à la
base des collections des musées. Ouvrons l’œil !
Merci à Max Torregrossa qui m'a donné carte blanche pour cet édito. Cette newsletter est la dernière auquelle je
participe. En effet, après près de quatre ans d’activité à VivoEquidem, je quitte la galerie pour rejoindre le
service communication du Palais des Beaux-arts de Lille. Bonne continuation à tous.
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