À juste titre

On pourrait se demander ce que font Gérard Fabre et Eric Pasquiou dans une exposition qui les met face à face avec une oeuvre, et une seule oeuvre, chacun. Rien à priori (et à posteriori itou) ne les rapproche. Ni les matériaux, ceux du sculpteur et ceux du photographe infographiste. Ni les générations. Ni les imaginaires. De l'épais et du pâteux (à papier) au lisse de l'imprimante, même Lambda, un fossé semble se creuser. Il ne semble pas qu'un même film se déroule, ni la même histoire de l'art contemporain.

Il doit quand même bien y avoir une interface possible, sinon ils ne figureraient pas ensemble dans cette exposition. Sans doute, en cherchant du côté des titres, trouvera-ton un semblant de réponse. Pour Gérard Fabre, l'intitulé de l'oeuvre est « Demi-Babarévitch ». Pour Eric Pasquiou, « As-t ms ds l'ml ? ». L'aspect peu compréhensible des deux titres, comme une énigme adressée au spectateur, semble préciser la piste.

Ce Demi-Babarévitch est une greffe hasardeuse entre Babar l'éléphant et Malevitch le Kasimir, les restes d'une enfance suprématiste sans doute. Pour « As-t ms ds l'ml ? », l'absence de voyelles (sauf le A qui débute la phrase) renvoie à des jeux oulipiens, nécessairement. Interprètera-t-on l'énigme par « As tu mis dans l'mille » ou par d'autres solutions à chercher longuement par une nuit d'insomnie ? Dans les deux cas, une volonté est à l'oeuvre de ne rien laisser à l'immédiateté, de recourir à des références, de refuser les lectures premières. Une bonne façon de créer des liens et de cultiver ses différences d'un même mouvement.

François Bazzoli, Novembre 2011

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La Galerie du Tableau présentera le 16, 17, 18 décembre à Supervue 2011, à Vaison la Romaine, une oeuvre d'Arnaud Vasseux.